L’épidémiologiste N. Fréry, spécialiste des biomarqueurs à l’Invs, a dirigé l’étude d’imprégnation pour les dioxines.
Les résultats de l’étude, réalisée auprès de 1030 personnes résidant près de 8 incinérateurs d’ordures ménagères, ne constatent pas de différence d’imprégnation entre les riverains d’incinérateurs et les résidents non soumis à une source connue de dioxines, l’imprégnation aux dioxines se situe dans la moyenne européenne. Une exception notée chez les agriculteurs, qui consomment des produits locaux et, dans une moindre mesure, chez les particuliers qui consomment des produits animaux localement, comme les œufs. N. Fréry, épidémiologiste, spécialiste des biomarqueurs et de la biosurveillance à l’Invs, en charge de l’étude : “même si les résultats sont plutôt encourageants, on incite les gestionnaires locaux à rester vigilants sur la consommation des œufs issus de sites contaminés ou anciennement contaminés, autour d’anciens incinérateurs. Car si l’herbe de repousse est très vite décontaminée, ce n’est pas le cas pour les œufs. En effet, les poules picorent la terre, mangent des vers de terre, et donc continuent à se contaminer. On conseille donc de ne pas les consommer. Les pratiques d’élevage familial sont à surveiller. ”
Biosurveillance et gestion des risques
« Nous voulions répondre à la problématique au plan national, » explique N. Fréry . « De nos observations, résultent deux études, une étude d’imprégnation par les dioxines et d’autres métaux et une étude écologique sur l’aspect sanitaire cancer. Les études de biosurveillance apportent les recommandations et informations nécessaires pour entreprendre des mesures de gestion collectives." Depuis, les incinérateurs première génération ont été remplacés et le taux d‘émission des installations réduit.
Une autre étude nationale est en cours. Elle est suscitée par les nombreuses interrogations liées à la pollution par les PCB (polychlorobiphényles) de plusieurs cours d’eaux français (Rhône,Somme…), son retentissement sur la contamination des poissons et son impact sur la population consommatrice de ces poissons. Les premiers résultats sont attendus pour l’été 2010.
L’atout de la biosurveillance est d’orienter les actions de gestion ou encore de fournir un signal d’alerte précoce, comme ce fut le cas aux Etats-Unis pour agir contre les PPDE. En France, la biosurveillance est à développer. D’une façon plus générale, le niveau environnemental n’est pas encore intégré aux plateformes scientifiques,il commence seulement à être exploré. En Allemagne, il existe déjà une commission nationale de biosurveillance.